-
LE BERGER DE MERCURE
Une nuit, sous la voûte céleste
Constellant les sables du désert
D’une blancheur scintillante,
Le Berger de la Lune
Souleva, de son bâton lumineux,
Le coin de la dune où je reposais.
Une perle d’ambre tomba
Du coin de ma paupière
Et roula sur l’erg chaud.
De ses longs doigts soyeux,
Il la recueillit et d’un souffle
La destina au soleil.
Le Berger de la Lune
Me dit, le regard fixé
Sur cette nouvelle comète :
« Mon amie, je vais te révéler
L’histoire de cette étrangeté,
Le Berger de Mercure.
Il est né de sa mère et de mon père
Qui en faisaient ainsi mon demi-frère.
Cet enfant fragile et fugace,
Toujours en mouvement,
Echappait à toute autorité.
Sa mère eut si peur de perdre
Ce Prince volatile,
Qu’elle l’enserra dans les mailles
Du filet d’or et d’argent
De son amour absolu. »
Le Berger de la Lune, mon ami,
Baissa les yeux,
Le doux murmure de ses pensées
Poudra d’or la surface mouvante
De mon nocturne océan
Et tourmenta d’un trait d’argent
L’écume de mon rêve.
« De cette prison, le jeune Dauphin
Fit son élément.
Il fondit l’or et l’argent
Qu’il façonna en un bâton
Aux reflets fluctuants
De jaune et de blanc. »
O Berger de la Lune,
En cette nuit tu m’as dit
Que ce petit avait si froid
Au sein de sa mère
Qu’il sourdit de cette source aveugle,
Et ne stoppa cette folle chevauchée
Qu’en Mercure la discrète,
Si proche de ce père
Qu’il ne pouvait atteindre.
Il se fit Berger de Mercure,
Et de ce socle furtif
Il observait le parcours
Des âmes perdues,
Espérant reconnaître celle
Qui poserait le pied sur l’arc-en-ciel
De sa solitude, et, chercherait
Avec lui le trésor de sa vie.
Tags : berger, mercure, lune, qu’il, pere
-
Commentaires