• Les aventures du Comte Petogaz

    Au fin fond d'un lugubre château vivait le mystérieux Comte Pétogaz.

    Celui-ci projetait secrètement de dominer le monde. 

    Pour cela il se faisait aider par deux personnages des plus douteux:

    Le professeur Colargul, éminent scientifique démis de ses fonctions pour non-respect de l'humanité; et Maître Bidouille, notaire vereux.

    Le Comte Pétogaz, bien de sa personne, était un personnage énigmatique et cynique.  Très riche, ne manquant de rien, son ambition consistait surtout à rester seul à avoir les pieds sur terre.

    Il voulait que les autres humains perdent pieds, le supplient et reconnaissent sa supériorité.

    Le Professeur Colargul, lui, désirait se venger de l'humanité, il trouvait dans son association avec le Comte un bon moyen d'y arriver.

    Pour ce qui était de Maître Bidouille, le fait de faire quelque escroquerie lucrative et malsainement drôle, le comblait de bonheur!

    Nos trois compères se mirent donc à chercher un moyen de parvenir à leurs fins. Le Professeur pensa à un sérum concentré qui une fois ingéré par les victimes provoquerait une réaction chimique, elles gonfleraient jusqu'à rester en suspension dans l'air.

    Colargul mit très longtemps à obtenir un résultat satisfaisant, mais à force de peine et de formules toutes plus complexes les unes que les autres, il trouva enfin la solution.

    Son secret il le gardait jalousement, la seule chose qu'il voulut bien en dire, c'est que l'élément principal en était un insecte mutant, issu de ses anciennes expériences.

    Ses essais sur les animaux furent très concluants, mais il était nécessaire bien sûr de l'expérimenter sur un être humain. Il fallait bien ça pour impressionner le Comte.

    C'est alors qu'il pensa à Bidouille, la fripouille, un peu andouille, toujours prêt à rigoler pour n'importe quoi. Il ferait bien l'affaire et ne prendrait pas ombrage de rester collé au plafond en attendant l'antidote.

    Il suffirait de lui promettre la plus méchante rigolade de sa vie, quand il verrait tous les autres dehors s'envoler et rester suspendus en l'air, avec un petit air con plein de surprise et d'impuissance.

    Décidé et content de lui, Colargul convoqua le Comte Pétogaz et Maître Bidouille dans le petit salon du château.  Il avait bien évidemment préparé une petite collation et versé sournoisement quelques gouttes de sa substance dans le verre de Bidouille.

    Celui-ci but son verre d'un trait, et, le Comte surpris vit son notaire monter en l'air et se balader au plafond en gigotant désespérément.

    Quelle réussite!!Colargul se frotta les mains, plein d'orgueil devant le maître des lieux qui s'exclama cyniquement:

    "- Je vous conseille de le vaporiser avec un insecticide avant qu'on dise que j'ai une araignée au plafond! HI!HI!HI! Colargul vous serez dispensé de boire votre sérum crapuleux!

    - ...?

    - Comment? Antidote me dites-vous? Non, non, il n'y aura pas d'antidote, pas besoin, pensez un peu, le monde va bientôt nous appartenir..."

    Après avoir savouré les compliments du Comte, Colargul s'empressa de tourner les talons pour se diriger vers son laboratoire, dédaignant tout simplement les hurlements désespérés de Bidouille.

    Le pauvre notaire s'efforçait tant bien que mal de s'accrocher aux tentures pour organiser sa descente. Et devant l'indifférence de ses deux acolytes, la panique commençait à le gagner. Il se voyait déjà mourant de faim faire la chasse aux araignées, seule pitance à disposition sous les arcades lugubres du château.

    Mais le Comte réagit vivement, agacé par tout ce tapage, il stoppa Colargul et lui ordonna sèchement de quérir une corde.

    "-Une corde?? Mais pourquoi faire??

    - Réfléchissez donc un peu voyons, le seul moyen de contaminer l'eau de la ville est de verser le sérum dans le château-d'eau...

    -Et comment comptez-vous vous y prendre?

    -Et bien!Nous avons là-haut, continua-t-il en désignant Bidouille, un moyen aussi efficace qu'économique! Dépêchez-vous donc, nous avons encore besoin de lui, ajouta-t-il encore d'un ton cynique."

    Colargul émit un grognement, il venait de réaliser que Bidouille n'étant plus disponible, il devenait lui-même le larbin du Comte! Cette idée de double corvée ne l'enchantait guère et il se jura de trouver un antidote malgré l'interdiction du maître des lieux. 

    Pour l'heure, il ramena la corde et la tendit à Petogaz qui s'était entre-temps muni d'une arbalète "d'époque", fleuron du temps révolu de ses glorieux ancêtres.

    Il fixa la corde à une flèche et visa le plafond en intimant Bidouille d'arrêter de gesticuler s'il ne voulait pas risquer de se faire trouer le postérieur.

    Celui-ci blémit et crut sa dernière heure venue sous l'impact violent du trait de métal qui se ficha dans une poutre, faisant trembler toute la structure du plafond.

    "-Allez Bidouille!!Accrochez-vous à cette corde et arrêtez de geindre comme un cochon qu'on égorge!!

    Notre notaire s'exécuta sans plus attendre, trop heureux de mettre fin à cette situation inconfortable. Il s'attacha solidement et se laissa ramener au sol.

    Ils fixèrent la corde au pied d'un des canapés et Colargul put enfin filer dans son laboratoire, pressé qu'il était de confectionner le sérum ainsi que l'antidote, car il n'avait vraiment pas confiance dans l'esprit tortueux du Comte.

    Pendant ce temps celui-ci mettait à profit les nouvelles capacités de son notaire, il lui planta un plumeau dans une main, un chiffon dans l'autre et lui fit nettoyer tout ce qu'on ne pouvait atteindre sans échelle. Il n'oublia pas de lui faire réparer les quelques tuiles cassées qui défiguraient la belle toiture de la bâtisse ancestrale.

    Plus il y pensait, et plus il trouvait ce notaire volant bien pratique.

    Puis Pétogaz expliqua à Bidouille ce qu'il attendait de lui. La tâche n'était pas bien compliquée, et celui-ci sans être une lumière ferait bien l'affaire.

    Devant l'importance qu'on lui attribuait soudainement, Bidouille en oublia ses émotions. Fier comme Artaban, il se redressa tant bien que mal au bout de sa corde en piaffant d'impatience devant la lenteur des travaux de Colargul.

    Au bout de quelques jours le professeur sortit enfin de sa tanière tenant une caisse pleine de flacons. Bidouille n'en pouvait plus de joie, enfin de l'action à l'horizon! Il ne pensait pas un seul instant à l'absurdité de sa situation, tant il était absorbé par le plaisir de participer à ce vilain tour qu'ils allaient jouer à cette populace prétentieuse.

    Nos trois crapules se mirent en route vers le château d'eau sitôt minuit passé. 

    Celui-ci étant à l'écart de la ville, ils ne risquaient plus d'y faire de  rencontres inopportunes.

    Bidouille s'appliqua à exécuter de son mieux la tache qu'on lui avait confié. Etant maladroit de nature, le plus difficile pour lui fut de ne pas faire de casse, mais il s'en sortit avec brio, sous les yeux épatés de ses deux acolytes!

    Leur mauvais coup accompli, ils se hâtèrent de regagner leur repère pour y fêter cette réussite, et extrapoler une multitude de situations cocasses qui couronneraient dès le lendemain le succès de leur entreprise diabolique...

    (pas fini...)

    « La maison du dernier sommeil »
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