• La vie se conte...


    Comme tous les matins, la Vie parcourait la plage de long en large. Elle aimait cette promenade matinale, aspirait à pleins poumons l'air pur et frais. Elle aimait sentir le vent sur sa peau d'écrire ses voyages à l'encre fine de l'embrun, la couvrant d'un voile humide et étincelant. 

    Mais sous cette aube là, quelque chose lui parut différent. Le vent lui griffait la peau à coup de grains de sable, elle ne sentait plus la fraîcheur habituelle. Son regard se porta alors en direction de l'océan. Où donc étaient passées les vagues? Ces peintres qui dessinaient et redessinaient sans relâche les contours de son corps. 

    Ils avaient déserté le rivage blond sablonneux. Elle pouvait encore percevoir à l'horizon quelques faibles remous. Les traits d'écumes se battaient, tel un bouclier de mousse entre ciel et terre. Elle, qui était là depuis si longtemps qu'elle ne se souvenait plus du commencement, comprit alors soudain que son tour était venu.

    Son temps lui était désormais conté par le pire des démons: le Mate Et Mat Ici Un, le MEMIU... Elle ramassa vite fait ses fringues qu'elle avait jetées au hasard des dunes et se précipita chez elle. Elle avait quelques questions à poser à son concubin, la Mort.

    De retour au bercail, elle n'y alla pas par quatre chemins. Elle mit le compteur "je gère" à zéro et ouvrit si grande sa bouche que le sol et les murs se mirent à trembler. Les figures de l'apocalypse entamèrent un large sourire. Ces tableaux d'un mauvais maître qui traînaient au grenier, elle s'était toujours refusée à les accrocher de peur d'affronter les reproches des murs blancs, à vide de souvenirs que temps n'a point commis.

    - Dis donc toi! Je viens de rencontrer ton pote, celui qui se prend pour le Comte d'à Rebours, qu'est-ce qu'il fout ici? c'est quoi ce binz? Et en plus il m'a dit qu'il s'occupait de moi, que c'était son dernier job! Et toi tu vas me dire que t'étais pas au courant hein!?
    - ...
    - REPONDS!!!
    - Ben je pensais que tu savais...
    - QUE JE SAVAIS QUOI?
    - Je suis au chevet de deux de tes amis...
    - QUI?
    - L'Amour et le Rêve, ils sont à l'agonie.
    - Comment ça? Qu'est-ce qu'ils ont?
    - Une terrible maladie, l'Ego Nie... Le VIH n'est rien à côté de ce fléau...Si tes deux amis ne trouvent plus de porteurs je serai obligé de les emporter. Et, fatalement ton tour viendra, ma mie, ma bien aimée... Je t'aime, tu le sais, sans toi je ne suis rien...
    - ... En s'cret tu ne penses qu'à ta tronche au final...Mais bon, alors mon ami, s'il te plaît, épargne moi ce Comte de mes Burnes, pas besoin de lui... Fais lui d'abord son affaire, qu'il cesse de piétiner mes plates-bandes et numéroter mes abatis. La mort de la vie ne se compte ni ne se décompte, elle se vit simplement...
     
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  • Le Timbré


    Dans un monde tout rond,  vivaient des gens gros et ronds dans des villes carrées, pleines de boîtes, toutes sortes de boîtes...

    Il existait dans une de ces villes, un personnage lugubre, taciturne et solitaire, il avait une allure de mort-vivant. Son visage émacié portait péniblement deux grands yeux sombres. Sa maigreur faisait peur, et son attitude lente, tant dans la démarche que dans l'action, le décalait du reste de la population.

    Il inquiétait tout ce beau monde. On lui attribuait tous les défauts et toutes les perversités nés au plus profond des cervelles tourmentées par sa présence. Personne ne se souvenait de son arrivée, il ne pouvait pas être d'ici, c'était forcément un étranger.

    On le surnommait le Timbré. Il ne faisait rien comme tout le monde, et pourtant il vivait en apparence comme tout le monde. Il était vrai que sa maison, à l'opposé des autres, était ronde à l'intérieur, mais ça, personne ne le voyait.

    Il était en quelque sorte insaisissable et impénétrable. La curiosité frustrée des uns et des autres motivait la haine. Tout un parterre de pensées vénéneuses jalonnait les traces de son passage.

    La ville était soumise aux lois de dix anciens chargés de gérer tous les problèmes. Et l'étranger en était un de taille. Les plaintes affluaient, jamais directes, elles cognaient à leur porte en habit de soupçons et de rumeurs. C'en était trop, il allait falloir se décider à poster une bonne fois pour toute ce Timbré.

    Tous ces braves gens n'utilisaient pas le mot timbré au hasard. Ils adoraient les boîtes et les enveloppes, y collaient des tas d'étiquettes, y apposaient leur timbre, puis se débarrassaient de tout ça dans la boîte postale. Ils ne connaissaient pas la
    destination de leur colis, tout ce qu'ils savaient, c'est qu'il partait pour une autre ville. Et en retour ils recevaient les colis des autres villes. La répartition des colis et courriers obéissait à une règle simple, vous en receviez autant que vous en aviez
    envoyé.

    Et lui le Timbré, personne ne le voyait jamais poster quoique ce soit, c'était très louche. Ils rêvaient tous de le voir partir. Peu importait où il atterrirait, mais surtout ailleurs, qu'il ne restât pas ici.

    Les dix se disaient:
    Ah! Si on pouvait le mettre à la poste, il serait enfin une lettre achevée, prête au départ d'ici... Un bon coup de tampon et oust! Ah! La boîte postale!

    Le mettre en boîte, n'importe quelle boîte, pourvu qu'on ne le vît plus, ni ne l'entende...Le Timbré... Ah oui, il y avait aussi sa voix qui dérangeait, la voix du Timbré, celle qui résonne vous savez? Celle qui perturbe la voie des autres.Qu'on aimerait bien réduire au silence, la mettre en boîte quoi.

    Ah! Ce Timbré qui enveloppait de tant de désarroi l'incompréhension des dits "justes". Ce Timbré sans raison qui raisonnait différemment au point de mal résonner. Troubler le son de cloches rassurant, le fêler.

    Pauvre fêlé Timbré, sa voie gênait les voix, sa voix n'avait pas de voie, seule l'ombre acceptait la fêlure de son obscure luminescence.

    Ils le mirent donc dans une boîte, le timbrèrent et le jetèrent dans la boîte postale...J'ai omis de vous dire que ces boîtes étaient très spéciales, personne n'en connaissait plus vraiment le fonctionnement, ils se contentaient tous d'y jeter la demande de ce qu'ils attendaient en retour...

    Cependant, le Timbré se trouvait être le seul qui savait, il travaillait à la boîte postale et en était le seul employé...

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  • Sur les aiguilles âges du temps, Le train roulait à vie va l'heure. Douze gares, douze quais, un train toutes les heures. Un train et un seul pour chaque heure. Le train d'une heure arrivait au quai de la gare de 2h et repartait pour la gare de 3h, et ainsi de suite... sur chaque train était inscrit en lettres... : "Le temps qui meurt demeure, le temps qui vit périt".

     

    Il était là. Il ne savait pas pourquoi ni comment, mais il était là, dans ce wagon du train numéro 6. Il roulait vers la gare numéro 7. Le train était bondé. Les passagers vaquaient à leurs occupations. Quand il fixait l'un d'entre eux, il le voyait dans son environnement. Cet enfant là faisait du vélo dans son quartier, un homme en costume était au volant de sa voiture, celle-là dans son bain, et un autre là-bas découpait la viande...Ils arrivaient en gare sept. Le quai était aussi long que le train, on n'en voyait ni la fin ni le début. Le seul indice qui indiquait l'arrivée était le ralentissement du train et son arrêt.Il vit alors les gens descendrent, des vieux, des jeunes, de toutes sortes, de tous âges, de tous horizons, et tous s'effondraient sur le quai. Le quai étaient jonché de morts. Puis arrivait une nouvelle vague d'humains, piétinant les corps, ignorant leur présence, et tous emplissaient les wagons de nouvelles vies. 

     

    Il décida de descendre avant son heure.  

     

    Il lui fallait tuer le temps... Comment tuer le temps? Quand on a qu'un instant pour le faire... Le passager du temps savait que cet instant était celui de sa vie. Une éternité pour celui qui ne vit pas. Un sourire illumina son visage blaffard et creusé par le tourment. Il savait comment...

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  • J'aime la mort,
    J'aime le noir,
    J'aime les araignées.
    Je voile la page blanche
    De l'ombre des mots.
    J'afflige la toile blanche
    De ténèbres pinceaux.

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  • Des nouvelles...
    Prendre des nouvelles...
    Je ne sais pas prendre des nouvelles...
    Quelle importance?
    Quelle portance hein!
    Les nouvelles légères...
    Les nouvelles lourdes...
    Mon coeur balance, il n'y a rien dans la balance...
    Quelle importance?
    Tu es là, je ne suis pas là...
    Tu n'es pas là, je suis là...
    Ecris-moi un livre, j'en regarderai les images...
    Ecris-moi une chanson, j'en lirai l'air au temps de deux mains...
    Les nouvelles...
    Donner des nouvelles...
    Je ne sais pas donner des nouvelles...
    Quelle importance?
    Lourdes, trop lourdes, à prendre, à porter, à donner...

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